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House Hunting

09 Sep 2011

Un vieux ouvre la porte et me regarde d'un air hurluberlu, je suppose qu'il ne sait pas pourquoi il est ici

De la moquette, une fille dans un coin supposée être ma potentielle future colocataire ne me dit même pas bonjour.

L'endroit pue la défaite, je repars en lui disant que je l’appellerais dans les 3 jours si ça m'intéresse.

Je suis en avance, j'appelle Mario, mon deuxième rendez-vous. Il m'emmène à la maison qu'on doit visiter en voiture. Il commence à me parler de la France, de ski, de l'économie. Dès qu'il me pose une question il n'écoute même pas ma réponse et déblatère alors toutes ses connaissances sur le sujet. Il parle fort, il renifle entre chaque phrases, il est bizarre. Il me dit que la maison est occupée par des bangladais. Je ne sais quoi lui répondre alors je lui dit "okay cool".

J'arrive dans une maison dégueulasse, Mario a l'air aussi désemparé que moi. Il m'emmène dans la chambre du sous-sol et son sourire s'efface lorsqu'il voit les volets d'une fenêtre complètements cassés. Il s'éclipse alors dans la chambre et s'occupe de le réparer ou je ne sais quoi et s'enferme dans un silence profond, je ne m'attarde pas.

Je vois des signes partout sur la route. "room to rent, call xxx-xxx-xxxx", je me dis que c'est surement une bonne façon de trouver un appartement et que je devrais faire ça entre 2 rendez-vous.

Mon troisième rendez-vous. Le propriétaire met du temps à arriver, je contemple le bar de la rue d'en face qui me nargue fièrement. Je tombe dans son jeu et m'autorise alors à penser à une bonne bière bien fraiche. La chaleur m'étouffe et j'ai de plus en plus besoin de prendre une pause au milieu de toutes ces visites d'appartements tous plus merdiques les uns que les autres.

Le bonhomme arrive, on dirait un fermier, il parle très vite et agite sa mâchoire comme s'il mâchait un chewing-gum. La maison est remplie de moquette, c'est le gros bordel, on dirait plus un dépotoir qu'autre chose. Comme à chaque maison il n'y a personne d'autre que nous. Même les habitants l'ont désertée?

Je lui demande s'il a un autre endroit à louer, il me dit que oui. On traverse la rue et on rentre dans quelque chose d'un peu plus "maison étudiante". Dans une des chambres j?aperçois un gel durex par terre. Le propriétaire me dit qu'il ne faut pas faire attention à ce qu'il y a dans la chambre, il a surement du le remarquer aussi.

Dans le salon trône une impressionnante collection de bouteille d'alcool. "It's a huge accomplishment" je lui dit. Il me dit qu'hier il y avait un kegel dans le frigo, que les étudiants vivants dans cette maison se connaissent tous, que l'un d'eux est président de je ne sais quoi, tout cela ponctué par des "good guys living here".

Deux numéros plus loin je visite une autre maison, je suis toujours dans les temps. Une indienne arrive dans une belle voiture et se gare dans l'allée. Elle me salut brièvement et sort ses clefs pour ouvrir la porte. J'ai du la couper en pleine épilation.

Elle doit vraiment avoir du mal à louer l'endroit car elle me dit que le "first month is free, you don't have to pay for it".

Je repars déçu, insatisfait. J'ai l'impression que je ne trouverais rien. Je décide de m'arrêter au bar que j'avais vu plus tôt. Je rentre à l'intérieur:

Première bière au Canada, ca fait du bien. Je commence à reprendre confiance sur ma situation et je me rappelle ce que thomas m'avait justement dit "l'alcool ca te fait oublier tous les mauvais côté, ca te fais juste positiver sur les choses".

Je demande à la serveuse:

Intéressant.

Je repars plus frais que jamais à la conquête d'un appartement. Il me reste une heure avant de pouvoir aller à "l'open house" d'un appartement plus loin.

Je refais la rue en appellant toutes les maisons ayant un panneau RENT. J'avais particulièrement fait attention à une maison où une jolie fille était assise sur le porche. Je vois une coréene rentrer dedans de loin:

Mince, maison suivante. Une fille à l'entrée me voit taper sur mon téléphonne et m'invite à rentrer pour visiter l'appartement.

Cette fois ci tout est en bois, tout est vide aussi, mais c'est quand même plus intéressant. Je repars en pensant que j'ai sûrement trouvé l'appartement qu'il me fallait. C'est loin d'être un coup de foudre mais je ne suis pas au sous-sol et pas de moquette. Et j'en ai marre de chercher et d'habiter dans un hôtel pourri.

Je me décide quand même à visiter un autre appartement, aller un pti dernier car il ne faut pas prendre de décision hâtive.

Un asiatique arrive, il me parle mal, très vite, je ne comprends pas un mot de ce qu'il me dit. L'appartement est très propre, très grand, mais la chambre est au sous-sol. Il est quand même bien mieux que le précédent. En sortant il voit que je ne comprends pas vraiment son anglais:

S'en suit une discussion de 30 minutes en chinois où je lui raconte mon arrivée, où il me raconte comment ca se passe sur Hamilton. Je sens qu'il m'apprécie bien maintenant, il me dit que si je ne le rappel pas pour la chambre il me rappellera. Je le prend sur le ton de la rigolade.

Je repars sans trop savoir laquelle des deux maisons que je viens de voir choisir. Je suis dans un gros dilemme, j'appelle ma mère pour la n-ième fois espérant récolter un avis extérieur. Elle me dit de ne pas trop me fatiguer et de prendre celui avec du parquet. Je me dit que finalement cette après-midi était amusante et enrichissante et que ce n'est pas vraiment un calvaire de visiter des maisons.

Allez

Une dernière visite!

C'est un open house, et j'ai peur que ca se passe comme les films où c'est la guerre pour récupérer l'appartement. Je suis le seul à visiter, accueilli par un père portugais sa femme et ses deux fils dont l'un habitera la maison.

C'est surement la plus jolie maison que j'ai vu depuis que je suis ici. Superbe parquet dans tout l'apparte, superbes chambres, grande cuisine avec frigo américain et lave vaisselle... Les parents ont voulu mettre le paquet pour leur gamin, ça se voit et c'est un gage de qualité.